august 08, 2010

similitúdinii



Et comme le déficit référentiel ne compromet absolument pas le sens d’un énoncé tant qu’à partir de cet énoncé il est possible de tirer des conclusions significatives, les œuvres de fiction, souvent dépourvues de référent dans l’univers tenu pour réel, peuvent être porteuses de sens au même titre que les énoncés non fictionnels, à condition qu’elles servent de point de départ pour des inférences révélatrices. Peu importe que des personnages comme Amadis de Gaule, Don Quichotte ou Emma Bovary n’aient pas d’équivalents dans le monde réel ; les mésaventures de ces êtres imaginaires sont lourdes de conséquences pour les lecteurs de roman.
La généralité catégorielle du langage détache ainsi le discours des objets immédiatement palpables, alors que son caractère inférentiel nous permet de produire du sens, quand bien même nous parlerions de choses qui n’existent pas. Grâce à la généralité du langage, l’éloignement de la littérature narrative par rapport au monde tenu pour réel n’est ni un défaut, ni une exception aberrante, ni le résultat d’une maladresse ou celui d’une esthétique encore balbutiante, mais constitue, au contraire, sa condition naturelle, dont il est non seulement fort malaisé, mais également inutile de vouloir la sortir. Le caractère inférentiel, pour sa part, assure aux œuvres de fiction, même à celles qui semblent les plus éloignées du monde empirique, la capacité de signifier de manière aussi pertinente que les autres formes de discours.

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