Extrait de L’Africain
` Tout être humain est le résultat d’un père et une mère. On peut ne pas les reconnaître, ne pas les aimer, on peut douter d’eux. Mais ils sont là, avec leur visage, leurs attitudes, leurs manières et leurs manies, leurs illusions, leurs espoirs, la forme de leurs mains et de leurs doigts de pied, la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux, leur façon de parler, leurs pensées, probablement l’âge de leur mort, tout cela est passé en nous. `
`C’étaient des lois étranges qui ne ressemblaient pas du tout à celles qui sont écrites dans les livres et qu’on apprenait par cœur à l’école. Il y avait la loi de l’horizon qui attire le corps, une loi très longue et très mince, un seul trait dur qui unissait les sphères mobiles du ciel et de la mer. Là-bas, tout naissait, se multipliait, en formant des vols de chiffres et de signes qui obscurcissaient le soleil et s’éloignaient vers l’inconnu. Il y avait la loi de la mer, sans commencement ni fin, où se brisaient les rayons de la lumière. Il y avait la loi du ciel, la loi du vent, la loi du soleil, mais on ne pouvait pas les comprendre, parce que leurs signes n’appartenaient pas aux hommes. ` (J.M.G. Le Clézio, Lullaby, Gallimard, 1970)
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