....il faut savoir que dans le système de la transmigration tel qu’il est généralement admis dans l’Inde traditionnelle, chaque fois que l’on naît, une sorte de bourrasque, le vent de naissance, emporte le souvenir des naissances et des vies antérieures. Ainsi une part immense, à vrai dire infinie, du passé de l’individu, de son expérience, échappe à sa conscience, alors pourtant que sa condition présente est étroitement déterminée par les traces qu’a laissées en lui ce qu’il a fait et subi dans ses vies passées. Je ne saurais affirmer, ce serait pure hypothèse, pure spéculation, qu’il faut mettre en rapport (et quelle sorte de rapport ?) la double temporalité de l’individu avec le peu d’attention que dans l’Inde brahmanique on prête au passé collectif. Je remarque cependant que dans les textes qui font partie de cette sphère, qui appartiennent à cet aspect de la civilisation indienne, le thème de la commémoration, de la célébration d’un passé commun qui ne soit pas mythique n’est guère perceptible. Ce qui, au contraire, apparaît fréquemment, c’est le thème de la re-mémoration du passé personnel. D’abord, pour rester sur le plan doctrinal, notons que l’amnésie portant sur les vies antérieures n’est pas définitive : des êtres privilégiés peuvent obtenir, par une vie particulièrement vertueuse, par des exercices ascétiques extraordinaires, par la pratique du yoga, cette illumination-révélation qu’est le jâtismara, souvenir des vies passées.
august 10, 2010
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